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La Jurisprudence islamique ["Fiqh"]
en ce début de IIIème millénaire
Au nom de Dieu le Très
Miséricordieux, le Compatissant - Louange à Dieu le Maître
des Mondes |
Bismillâh Ir-Rahmân Ir-Rahîm
- Al hamduli-llâhi rabbi-l‘âlamîn Subhâna Llâhi, wa l-hamdu li Llâhi, wa lâ ilâha illâ Llâhu, wa Allâhu akbar - Lâ hawla wa lâ quwwata illâ billâhi ! Allâhumma salli ‘alâ Muhammadin wa ‘alâ âli Muhammadin kama sallayta alâ Ibrâhîma wa ‘alâ âli Ibrâhîma Innaka Hamidun Madjid Wa bârik ‘alâ Muhammadin wa ‘alâ âli Muhammadin kamâ barakta ‘alâ Ibrâhîma wa ‘alâ âli Ibrâhîma Innaka Hamidun Madjid « Rabbi ghfir lî wa tub ‘alayya. Innaka anta ttawwâbu-l-ghafûr. » |
Salutations et paix sur vous ainsi que la Miséricorde de Dieu,
"As-Salam ‘Alaykum Wa Ramatullâhi Wa Barakatuh,"
Sommaire |
Introduction
;
1. Qu'est-ce que la Jurisprudence islamique
["Fiqh"] ? ;
2. Les fondements de la jurisprudence hanafite
;
2.1. Microbiographie de
Abû Hanifa (qdssl) ;
2.2. Règles d'extraction
d'un avis juridique selon Abû Hanifa (qdssl) : le Coran, la Sunna, l'avis
d'un Compagnon ["‘Amal as-Sahabi"], le raisonnement par analogie
["Qiyâs"] puis le raisonnement personnel ["er-Ray"]
;
2.3. Quelques exemples
d'avis juridiques hanafites ;
2.4. Mon école
est le Coran et la Sunna ! ;
2.5. Quelques Savants
hanafites ["al-Muttabi‘"] ;
2.6. Synthèse et
conclusion ;
3. Les fondements de la jurisprudence malikite
;
3.1. Microbiographie de
Malik Ibn Anas (qdssl) ;
3.2. Règles d'extraction
d'un avis juridique selon Malik (qdssl) : Le Coran, la Sunna puis les coutumes
médinoises ["‘Amal al-Medina"], l'intérêt
général ["Istislâh"] puis le raisonnement personnel
["er-Ray"] ;
3.3. Quelques exemples
d'avis juridiques malikites ;
3.4. Ce qui n'est pas
un avis juridique malikite ;
3.5. Mon école
est le Coran et la Sunna ! ;
3.6. Quelques Savants
malikites ["al-Muttabi‘"] ;
3.7. Synthèse et
conclusion ;
4. Les fondements de la jurisprudence shâfi‘îte
;
4.1. Microbiographie de
Shâfi‘î (qdssl) ;
4.2. Règles d'extraction
d'un avis juridique selon Shâfi‘î (qdssl) : Du consensus malikite
jusqu'à l'analogie hanafite ;
4.3. Quelques exemples
d'avis juridiques shâfi‘îtes ;
4.4. Mon école
est le Coran et la Sunna ! ;
4.5. Quelques Savants
shafi‘îtes ["al-Muttabi‘"] ;
4.6. Synthèse et
conclusion ;
5. Les fondements de la jurisprudence hanbalite
;
5.1. Microbiographie de
Ahmad (qdssl) ;
5.2. Règles
d'extraction d'un avis juridique selon Ahmad (qdssl) : le Coran, la Sunna
authentique, la Sunna moins authentique ;
5.3. Quelques exemples
d'avis juridiques hanbalites ;
5.4. Mon école
est le Coran et la Sunna ! ;
5.5. Quelques Savants
hanbalites ["al-Muttabi‘"] ;
5.6. Synthèse et
conclusion ;
6. Les fondements de la jurisprudence dhâhirite
;
7. L'école salafiste du suivi des Pieux
Prédécesseurs ["as-Salaf as Sâlih"] ;
8. L'école moderne des objectifs supérieurs
["al-Maqâsid"] ;
Conclusion.
Introduction |
La Jurisprudence ["Fiqh"] est la Science développée par les Savants de l'islam afin de pouvoir extraire des lois et des règles de vie communes (ainsi que d'adoration) à partir des sources textuelles qui fondent l'islam. Si elle utilise la Science de la Sunna (encore appelée Science du « Hadîth ») comme matériau/composant de base, la Jurisprudence ["Fiqh"] a su y ajouter des règles d'extraction ["qawâ‘ id al-istinbât"] supplémentaires nécessaires à l'élaboration des lois islamiques qui fondent la Voie islamique ["Sharî‘a"]. C'est donc une discipline à part entière avec des enseignements qui lui sont propres et que l'on n'enseigne pas forcément d'une manière aussi complète aux étudiants en Science du Hadîth.
Dire [« Hadîth
»], Bukhârî, Muslim et Nawawî [#1376] et Ibn Hadjar
al-‘Asqalânî [#1551] (qdsseuxt) rapportent
d'après Mu‘âwiya Ibn Abû Sufyân (qdlfm)
que le Prophète (qpssl) a dit :
"Celui à qui Dieu veut du bien, Il lui
donne les capacités de comprendre la Religion."
Si l'on peut dire que les Savants du « hadîth » ["Muaddithin"] sont les "Commandos de l'islam" ou, pour employer un vocabulaire plus médical, les "Pharmaciens de l'islam" (qui tranchent entre le vrai et le faux), nul doute que les Jurisconsultes ["Fuqaya"] en sont certainement les Stratèges ou les "Médecins" (ceux qui comprennent, analysent et élaborent la société islamique de demain).
Il existe principalement, et historiquement, 4 écoles de Jurisprudence islamique ["Madhab"] qui sont nées sous l'impulsion de Savants exceptionnels durant les 3 premières générations de l'islam (les meilleures). Elles tirent leurs lois du Coran, de la Sunna et d'autres sources qui leurs sont spécifiques :
Une nouvelle école est née, au siècle
dernier, sous l'impulsion, notamment, de Cheikh Mohammed al-Ghazâlî
(qdlfm)
notammment. Sa particularité tient au fait de l'utilisation des
sciences dites "modernes" (la psychologie notamment, mais aussi la génétique,
la sociologie, etc...) comme complément dans l'extraction des avis juridiques
ainsi qu'une dynamique d'application des lois de la Voie islamique ["Sharî‘a"]
calquée sur de la méthodologie prophétique ["Fiqh as-Sira"].
Face à toutes ces différences, il est nécessaire au musulman de comprendre ce qu'est la Jurisprudence et de connaître les particularités des différentes écoles afin de les réconcilier en un tout communautaire utile au musulman d'aujourd'hui pour sa pratique de l'islam au quotidien.
La personne qui profite des fruits juridiques de cette Science ["al-Mustafîd"] peut être de 4 types :
1. Qu'est-ce que la Jurisprudence islamique ["Fiqh"] ? | ![]() ![]() |
La Jurisprudence islamique est la Science qui permet à une catégorie de Savants appelée Jurisconsulte ou Docteurs de la Loi ["Faqîh"] de déduire, à partir des sources religieuses (le Coran et la Sunna), des prescriptions législatives que le Juge ["Cadi"] musulman peut alors mettre en application. Les Jurisconsultes ont élaborés de véritables règles, des principes généraux et secondaires et des méthodologies particulières qui font de cette branche des Sciences islamiques une véritable spécialité à part entière. Cette Science possède une Science mère qui s'appèle Les Fondements de la Jurisprudence ["Usûl al-Fiqh"] qui définit les techniques d'extraction d'avis juridiques (techniques issues d'un raisonnement personnel ["ar-Ray"] par les Jurisconsultes des Fondements) à partir des sources, certaines techniques font CONSENSUS entre tous les Jurisconsultes ["Fuqahâ"]:
La prescription juridique est le discours du Législateur à l'endroit de l'Homme responsable et qui revêt une forme d'injonction (1), de choix optionnel (2) ou de loi déclaratoire (3).
(1) l'injonction utilise l'impératif et couvre 4 cas de figure (ou 6 selon l'école hanafite) :
- Ce qu'il faut faire :
- ce qui est un devoir ["Fardh"] ou une obligation ["Wâdjib"] ;
- ce qui est conseillé ["Mandub"] (ou surérogatoire) ;
- Ce qu'il ne faut pas faire
- ce qui est interdit ["Haram"] ;
- ce qui est déconseillé / réprouvé ["Makrûh"] qui peut être impuni ["Makrûh Tanzih"] ou péché ["Makrûh Tahrim"] ;
(2) le choix optionnel est ce qui est autorisé / permis ["Mubâh"] ;
(3) la loi déclaratoire décrit la réalisation de la prescription juridique que ce soit en amont, en aval ou le détail de la prescription en elle-même (comme les 5 Piliers de l'islam et notamment la Prière que nous prendrons ici en exemple selon l'école malikite)
les conditions ["Chart"] qui se divisent en 3 :
- les conditions de validité ex : être en direction de la Qibla, être en état de pureté mineure, majeure et matérielle, cacher ses parties privées ;
- Les conditions d'exigibilité ex : être musulman, avoir atteint l'âge requis, avoir toute sa santé mentale, l'entrée de l'heure de la Prière, ne pas être indisposée (locchies, menstrues) ;
- Les conditions de validité et d'exigibilité ex : la fin des menstrues chez la femme ;
- les causes ["Asbab"] ex : l'islam, l'entrée de l'heure, l'âge ;
- les empêchements ["Mâniya"] ex : le début des menstrues, la perte des ablutions ;
Au cours des siècles les thèmes des affaires de tous les jours ont été décortiqués sous tous les angles possibles et imaginables par les jurisconsultes avec une méticulosité et un sens du détail qui n'a guère d'équivalent dans aucune autre Science islamique. Il faut bien les différencier des Savants du Hadîth / Traditionnistes ["Muaddith"] sur la question de l'interprétation juridique.
Cheikh Mohammed al-Ghazâlî
(qdlfm)
dit dans son livre "Fiqh as-Sîra"
pp 33 et 34 :
"Abû Yûsuf [l'élève
du Jurisconsulte "Faqîh" Abû Hanifa]
rapporte : al-A‘mach [le Cheikh traditionniste / "Muaddith"]
me demanda des explications sur une certaine question -nous étions seuls-
et je lui répondis. Mais il me demanda la référence de
mes propos. Je lui indiquai la Tradition qu'il m'avait transmise lui-même
; mais il répliqua : J'ai appris cette Tradition avant même ta
naissance, et ce n'est que maintenant que j'en découvre l'interprétation.
Certes Abû Yûsuf, le Savant, peut saisir ce que
le mémorisateur al-A‘mach n'a pas perçu ; or la prudence
n'est pas requise pour ce qui est appris par coeur sans être compris mais
pour ce qui est faussement interprété.
Dans la mise par écrit des Traditions, elles ont été réparties
en chapitres thématiques sur la Foi, la justice etc... C'est l'ensemble
de ces chapitres qui constitue l'islam. Ainsi la Tradition peut être comparée
à une boutique de vêtements où sont répartis dans
les différents rayons des articles comme les chapeaux, les chemises,
les pantalons, etc...
Evidemment, il faut parcourir tous les rayons si l'on veut une tenue complète.
Or, il arrive à certains d'acheter un chapeau et de sortir pieds nus
; ou un mouchoir sans penser à se vêtir."
4 écoles historiques de Jurisprudence (hanafite, malikite, chafi‘îte et hanbalite) ont été préservées dans le temps par volonté divine au point de s'étendre et se partager le monde musulman actuel. Bien d'autres ont disparues dans l'histoire musulmane au cours des siècles. L'école dhâhirite a eu aussi une certaine influence mais n'a pas la même ampleur que les 4 écoles historiques.
Face aux problèmes de conflits générés par les différences entre ces écoles ainsi que par le délaissement de la Sunna par la grande masse des musulmans, un autre mouvement particulier est né : le Salafisme. Son objectif avoué étant de revenir aux sources originales des Pieux prédecesseurs ["Salafs Salîh"] des 3 premières générations. Ils ont aussi mis au point une jurisprudence unitaire qui a pour but d'effacer les différences entre écoles afin de revenir à une législation unifiée. Ce mouvement, se voulant purifier l'islam en revenant à sa source, a été aussi taxé d'archaïque et d'inadapté à cette époque moderne et s'oppose fondamentalement à une autre école qui donne une grande place à la réflexion personnelle et aux lumières sciences modernes qui étudient l'univers.
2. Les fondements de la jurisprudence hanafite | ![]() ![]() |
Savant Irakien ayant vécu à Kûfa et
à La Mecque.
Abû Hanifa (qdssl) fut une bénédiction
envoyée par Dieu (qsE) à sa Communauté
au moment où elle en avait le plus besoin. Grandissante, les peuples
libérés des fausses croyances furent nombreux et le système
de jurisprudence littéraliste commençait à atteindre ses
limites. Expert en rhétorique, ce riche et pieux marchand atteint une
grande notoriété parmi les Savants musulmans. Il tirait ses jugements
du Coran (qu'il connaissait par coeur et dont il maîtrisait tous les secrets
de la langue), de la Sunna authentique (et il était très méticuleux
et stricte sur son authenticité, on rapporte que son corpus de ahadith
Sahîh ne dépassait pas 117 ahadith) puis sur l'analogie ["al-Qiyâs"]
et enfin sur son raisonnement personnel ["ar-Ra‘y"]. Il fut le premier
des Savants à élaborer des situations fictives qui ne s'étaient
pas encore présentées à lui afin de leur trouver une solution
islamique. Cette jurisprudence nouvelle fut une bénédiction pour
tous les peuples nouvellement convertis à l'islam. Ces derniers n'avaient
pas le mode de vie arabe et ne savaient plus trop comment concilier l'islam
et leur culture. Abû Hanifa (qdssl), l'Irakien, apporta
une solution qui permit à l'islam une adaptation à toutes les
cultures existantes sur Terre.
2.1. Microbiographie de Abû Hanifa (qdssl) résumé de sa vie réalisé à partir du livre "Les quatre imâms fondateurs des écoles sunnites", de Messaoud Boudjenoun, aux éditions Universel, ISBN 2-911546-41-5
Son école de jurisprudence est née à Kûfa et a, encore de nos jours, une influence marquée en Irak, en Turquie, dans les Balkans, en Asie centrale, en Chine et en partie en Inde et au Pakistan. Son père était un commerçant aisé d'origine perse. Cheikh Abû Hanîfa apprit le Coran directement du Hafidh Assim (qdssl - Maître de l'une des 7 principales lectures du Coran utiliseable dans les prières et la plus répendue de nos jours : la lecture de Hafs. Il était un riche et généreux commerçant de tissus honnête et franc. De nature laconique, il devenait intarissable si on venait à l'interroger sur la jurisprudence islamique. Il prit, intellectuellement, parti pour les ‘Alides (parti politique [qui aboutira à la constitution des sectes chi‘îtes actuelles] défendant la légitimité du califat de ‘Alî Ibn Abû Tâlib -qdssl- sur celui de Mu‘âwiya Ibn Abû Sufyan -qdlfm) et les membres de la famille du Prophète (qpssl– « Ahl el-Bayt ») contre les califats ‘Umeyyades et ‘Abbassides sous lesquels il vécut. Il ne s'engagea néanmoins pas physiquement dans les révoltes dont il pensait que l'issue ne pouvait être le renversement des despotes à cause du rapport de force défavorable aux révoltés (en effet les révoltes de Zayd Ibn ‘Alî, puis de Yahia Ibn Zayd puis de ‘Abd Allâh Ibn Yahia -qdsseuxt- sous le règne des ‘Umeyyades puis de Mohammed Ibn Hassan et de son frère Ibrahim -qdsseux2- contre les ‘Abbassides furent toutes réprimées dans le sang sans réél avantage pour l'islam). Il refusera tout poste de responsabilité qui lui sera offert par les dynasties qu'il jugeait illégitimes car despotiques. Cela lui vaudra emprisonnements et tortures. Contrairement aux nombreux Chi‘îtes de Kûfa (opposés aux ‘Ummeyades issus de la tribu du calife ‘Uthmân Ibn Affân -qdssl), il rendait hommage au calife ‘Uthmân Ibn Affân -qdssl- en demandant pour lui la miséricorde de Dieu (qsE) à chaque fois que l'on prononçait son nom. Le conflit qui opposait alors les Chi‘îtes aux ‘Abbassides n'était pas encore religieux mais simplement politique et la légitimité était du côté des premiers d'où la position du Cheikh, à première vue ambigüe, malgré sa position sunnite extrêmement claire.
La particularité de son école de jurisprudence ["Maddhab"] tient à la grande part consacrée au raisonnement personnel ["ar-Ra‘y"] et au raisonnement par analogie ["al-Qiyâs"] dans l'extraction de ses avis juridiques. Il dit d'ailleurs à ce sujet : "Celui qui prétend que nous privilégions le raisonnement par analogie aux ahadith est un menteur et un calomniateur ! Depuis quand le texte (clair et évident) a-t-il besoin d'une opinion personnelle parallèle ?". Son effort d'interprétation ["Idjtihâd"]était basé sur 4 principes : Le Coran, la Sunna, le Consensus puis l'analogie. Cela a permi de développer le caractère universel de l'islam à toute situation nouvelle qui ne s'était pas présentée du vivant du Prophète (qpssl) et de leur donner une réponse religieuse correcte quelle que soit la culture assimilée. Extrêmement rigoureux quant à l'authenticité des ahadith, il ne basera son école de jurisprudence ["maddhab"] que sur une poignée de ahadith (on raconte 117) qu'il considérait comme authentiques. Plus tard, ses élèves montreront que ses conseils juridiques étaient tout de même basés sur de nombeux autres ahadith "moins sûrs" (selon son opinion et l'état de développement, encore embryonnaire, de la Science du « hadîth » à son époque) mais qu'il préféra ne pas transmettre comme authentiques.
50 000 Bagdadis assistèrent à sa Prière mortuaire ["Djanazah"] suite à son emprisonnement par le calife Abû Dja‘far el-Mansur pour la simple raison que le Cheikh refusait le poste de juge ("grand cadi") qu'il lui proposait. Il est mort en résistant à la soumission de l'autorité religieuse reconnue et légitime (devant Dieu -qsE) au pouvoir tyranique, injuste et illégitime (devant Dieu -qsE).voir aussi une biographie plus détaillée Biographie | Abû Hanifa [...].
Abû Hanifa (qdssl) ne laissa pas à proprement parler de règle d'extraction précise. Il laissera plutôt en héritage à ses élèves un ensemble de cas hypothétiques et ses réponses à ces situations. Se basant sur les avis de leur maître, les élèves de l'école Hanafite détermineront petit à petit les règles d'extraction hanafites que nous synthétisera Abû al-Hassan ‘Alî Ibn Muhammad al-Bazdawî [mort en 483 H / 1089 ap. J.C.] dans "Kanz al-Wusûl ilâ Ma‘rifat al-Usûl" :
- Le Coran ;
- La Sunna ;
- Le Consensus ["al-Idjmâ‘"] des Compagnons et des Savants du Droit ;
- L'avis convainquant d'un Compagnon sur un sujet ["‘Amal as-Sahabi"] ;
- Le raisonnement par analogie ["Qiyâs"] ;
- Le raisonnement personnel ["ar-Ray"] qui se manifeste par une préférence juridique du juriste ["Istihsân"] ;
- La coutume locale ["al-‘Urf"].
Contrairement aux idées faussement reçues, Abû Hanifa (qdssl) ne donnait pas la préséance du raisonnement personnel sur la Sunna. Cette fausse impression, que l'on peut ressentir en regardant statiquement ses avis juridiques, ne vient que du fait que la Science du Hadîth en était à ses balbutiements à son époque et qu'il vivait en Irak loin du Hidjâz (Médine et La Mecque qui seront le berceau des gens du Hadîth avec en tête de file Mâlik Ibn Anas). Ainsi il a été rapporté que Abû Hanifa (qdssl) n'utilisa dans ses avis juridiques que un peu plus d'une centaine (de l'ordre de 117) de Traditions prophétiques ["ahadîth"] qu'il considérait comme authentiques. Ainsi certains de ses avis sont allé à l'encontre de certaines Traditions prophétiques ["ahadîth"] qui n'ont été authentifiées qu'après sa mort ou bien qui ne lui étaient pas parvenu de son vivant. Suivant sa méthodologie et en toute sincérité, ces avis doivent être réévalués à la lumière de la Sunna authentique.
2.3. quelques exemples d'avis juridiques hanafites
- L'autorisation à la femme de se marier sans l'autorisation de son tuteur légal (même si elle n'est ni divorcée ni veuve). Cet avis va à l'encontre de certaines Traditions prophétiques ["ahadîth"] authentifiées après sa mort ;
2.4. Mon école est le Coran et la Sunna ! Abû Hanîfah Enno‘mâne (qdssl) [ 79-150 H. / 699-767 ap. J.C.], Maître de l'école de jurisprudence Hanifite :
« Si je dis une parole qui contredit le Livre de Dieu (qsE) et le « hadîth » du Messager (qpssl), délaissez alors ma parole. »
Il a dit aussi :
« Je juge avec le Livre de Dieu ; si je n'y trouve pas ce que je cherche, je juge avec la Sunna du Messager de Dieu ; et si je ne trouve pas ce que je cherche ni dans le Livre de Dieu ni dans la Sunna de Son Messager, je me tourne vers les propos des Compagnons du Messager de Dieu ; je me réfère à qui je veux et je laisse qui je veux, mais je ne délaisse pas leurs propos pour les propos d'autrui. »Ainsi un Hadîth authentique contredisant un avis Hanafite doit être suivi et l'avis Hanafite rendu caduc et abandonné, selon les paroles mêmes de celui qui inspira cette école de jurisprudence.
2.5. Quelques Savants Hanafites ["al-Muttabi‘"] Parmi ses élèves :
- Abû Yûsuf (qdlfm) ;
- Muhammad (qdlfm) ;
- Zufar (qdlfm) ;
- ash-Shaybânî (qdlfm) ;
- Abû al-Hassan ‘Alî Ibn Muhammad al-Bazdawî (qdlfm) ;
Parmi les contemporains :
2.6. synthèse et conclusion La méthodologie juridique hanafite fut innovante et véritablement inspiratrice du mouvement scientifique des gens de l'opinion ["Ahl al-Ray"] parmis les Savants musulmans. Elle propose de lire les Textes d'une manière inductive en essayant d'en extraire les finalités de l'énonciation, d'en chercher la raison d'être ["‘illa"]. Ainsi le juriste est à même de s'exprimer d'une manière légale sur toute nouvelle situation, non traitée par la Sunna, mais tout en restant fidèle à l'objectif ennoncé par le Législateur. Elle a aussi mis en place une jurisprudence hypothétique ["Fiqh taqdîrî"] qui permet d'appréhender théoriquement toute question avant même qu'elle ne se réalise dans le réél. Toutes ces particularités hanafites ont permis à la jurisprudence de cette école de s'imposer au monde musulman nouvellement converti par une grande ouverture et surtout par une immense adaptabilité aux nouveaux contextes humains du monde musulman en pleine expension tout en restant fidèle à l'esprit islamique autant dans ses grands principes que dans ses moindres détails pratiques.
3. Les fondements de la jurisprudence malikite | ![]() ![]() |
3.1. Microbiographie de Malik Ibn Anas (qdssl) Savant Yéménite ayant vécu à Médine.
résumé de sa vie réalisé à partir du livre "Les quatre imâms fondateurs des écoles sunnites", de Messaoud Boudjenoun, aux éditions Universel, ISBN 2-911546-41-5
Son école de jurisprudence ["madhâb"] est née à Médine et a, encore de nos jours, une influence marquée au Maghreb, en Afrique noire et en Egypte. Médinois d'origine Yéménite, après avoir appris le Coran par coeur, le Cheikh s'oriente vers la Science du "Hadîth" et celle de la Jurisprudence ["Fiqh"] où il devient rapidement un maître et une référence. Sa mémoire phénoménale lui facilite grandement l'apprentissage des "ahadith". Il commence à délivrer des Conseils Juridiques ["Fatawa"] à l'age de 17 ans à Médine après en avoir reçu l'autorisation de pas moins de 70 Savants. Il vécut sous les deux dynasties (‘Umeyyades et ‘Abbassides) et refusa toute fonction officielle au service du pouvoir en place. Conscient des conséquences des séditions contre le pouvoir solidement établi, il restera neutre par rapport à elles afin de n'encourager aucun trouble ["Fitna"] inutile. Sa position "tiède" à propos du calife ‘Alî Ibn Abû Tâlib (qdssl) tient au simple fait qu'il ne disposait que de peu de "ahadith" transmis par ce dernier (à cause de la dispersion de la Science, conséquence de la dispersion des Compagnons -qdsseuxt- dans le vaste Etat musulman), de son aversion pour la "Fitna" et sa connaissance que les plus grandes "Fitna" se déroulèrent durant le califat de ce dernier. C'est sous le califat d'Abû Djafar el-Mansur, que le Cheikh fut éprouvé à cause de ses conseils juridiques qui allaient à l'encontre du pouvoir : il fut fouetté et humilié en public par le Gouverneur de Médine.
À la fois Traditionniste ["Muaddith"] et Jurisconsulte ["Faqih"], il rassemblera le premier recueil de "ahadith" de référence en islam : le Muwatta. Ce dernier sera la base de son école de jurisprudence ["Maddhâb"] avec l'exemple des Compagnons et de leurs successeurs (qdsseuxt) c'est à dire le Consensus de Médine. Il considère, qu'en l'absence de textes clairs statuant sur un cas nécessitant un jugement, le juge doit prendre en compte, avant même son opinion personnelle, la recherche du plus grand bien public ["Istislâh"]. Il combattra l'innovation ["Bid‘a"] à de nombreuses reprises : celle des Mu‘tazilites sur le non-établissement de Dieu (qsE) sur le Trône ["Istawa"], sur la baisse de la Foi, sur la non-vision de Dieu (qsE) par Ses serviteurs au Jour du Jugement, sur la création du Coran et celles des Murdjites sur la non nécessité du repentir dans la Foi.voir aussi une biographie plus détaillée Biographie | Malik Ibn Anas [...].
- Le Coran ;
- La Sunna ;
- Les coutumes médinoises ["‘Amal al-Medina"] ;
- L'intérêt général ["Istislâh"] ;
- Le raisonnement personnel ["ar-Ra‘y"] ;
3.3. quelques exemples d'avis juridiques malikites
- ;
3.4. Ce qui n'est pas un avis juridique malikite L'Imâm Malik, à la fin de sa vie, pria les mains le long du corps pendant la Prière. Certains ignorants et suiveurs aveugles de leur "modèle" de piété, considérèrent ceci comme son avis et prièrent ainsi. De nombreux musulmans, qui adoptent cette école de jurisprudence, prient donc les mains le long du corps. Or, ceci fut formellement interdit par le Prophète, comme cela nous est rapporté par le corpus de la Sunna authentique.
En effet, refusant de céder à la menace de son Roi, l'Imâm Malik, refusa de donner un avis juridique favorisant le Roi et défavorisant la recherche de la Vérité qui fut le seul leïtmotiv de toute sa vie. Il fut ainsi torturé au point de ne plus pouvoir, à la fin de sa vie, lever ses mains comme il se doit (main droite sur main gauche), durant sa Prière.
3.5. Mon école est le Coran et la Sunna ! Mâlik Ibn Anas (qdssl) [94-179 H. / 713-796 ap. J.C.], Maître de l'école de jurisprudence Malikite :
« Il n'existe personne après le Prophète (qpssl) sans que sa parole ne soit acceptée ou rejetée, exceptée celle du Prophète (qpssl). »
Il a dit aussi :
« En vérité, je ne suis qu'un homme, je me trompe et parfois j'ai raison ; alors examinez attentivement mes opinions, puis prenez-en ce qui est en accord avec le Livre et la Sunna, et rejetez ce qui s'en éloigne. »Ainsi un Hadîth authentique contredisant un avis Malikite doit être suivi et l'avis Malikite rendu caduc et abandonné, selon les paroles mêmes de celui qui inspira cette école de jurisprudence.
3.6. Quelques Savants ["al-Muttabi‘"] malikites
- Abû Bakr Ibn al-‘Arabiy (qdlfm) ;
- Al-Qâdî ‘Iyâdh (qdlfm) ;
- Ibn Khaldun (qdlfm) ;
- Ash-Shatibi (qdlfm) ;
3.7. synthèse et conclusion
4. Les fondements de la jurisprudence Shâfi‘îte | ![]() ![]() |
4.1. Microbiographie de Shâfi‘î (qdssl) Savant Palestinien ayant vécu à La Mecque, au Yémen, à Médine puis au Caire (Egypte).
résumé de sa vie réalisé à partir du livre "Les quatre imâms fondateurs des écoles sunnites", de Messaoud Boudjenoun, aux éditions Universel, ISBN 2-911546-41-5
Son école de jurisprudence est née à La Mecque et a, encore de nos jours, une influence marquée en Irak, en Egypte, en Syrie, au Liban, en Palestine, en Jordanie, en Malaisie, en Indonésie et en partie en Asie centrale.
Palestinien d'origine pauvre ayant grandit à La Mecque, il apprit le Coran à l'age de 7 ans et le Muwatta à 10 ans. Il rejoint alors, sur commandement du Gouverneur de La Mecque, Cheikh Mâlik Ibn Anas (qdssl) à Médine afin d'apprendre à ses côtés. A la mort de ce dernier, il fut nommé juge à Nedjrân (au Yémen), où il se maria à une descendante du calife ‘Uthmân Ibn Affân (qdssl) : Hamîda Ibn Nâfi (qdsse). Faisant taire les critiques de certains Savants, il profita de ce pouvoir pour mettre un terme à la corruption locale généralisée. Un complot d'accusation de connivence aves les ‘Alides fut monté contre lui pour l'éloigner du pouvoir (il était devenu gênant pour les hypocrites). Sa Science, ses talents d'orateur, ses arguments et le témoignage du grand cadi Mohammed Ibn al-Hasan (qdlfm) le sauveront du calife er-Rachid à Bagdad en 184 H (il avait alors 34 ans). Ce ne fut pas le cas des ‘Alides, arrêtés avec lui, qui payeront leur opposition de leur vie. Il reçut du grand cadi Mohammed Ibn al-Hasan (qdlfm) la jurisprudence de Cheikh Abû Hanîfa (qdssl), avant de revenir à La Mecque où il rencontra Cheikh Ahmad Ibn Hanbal (qdssl). C'est là qu'il composa alors son célèbre Epître ["er-Rissâla"] avant de s'installer en Egypte en 199 H où il terminera sa vie. Ce déménagement fera suite à l'établissement du muta‘zilisme (secte innovatrice) au rang de doctrine étatique par le calife el-Mamûn.
Son école de jurisprudence a assimilé les arguments des deux écoles irakienne de l'Analogie (Hanafite) et médinoise de la Sunna (Mâlikite) afin d'en tirer des règles juridiques de conciliation / déduction entre ces deux écoles de pensée. Il présentera sa nouvelle méthodologie à Bagdad en 194 H, qui sera le fondement du droit musulman tel que nous le connaissons aujourd'hui. Il fut éprouvé par les partisans zélés de Cheikh Mâlik Ibn Anas (qdssl), qui le (Mâlik) considéraient comme un saint et qui n'acceptaient donc pas qu'il ait pu se tromper sur quoi que ce soit.
Le système Shafi‘îte était basé sur des principes généraux et des ramifications initiant ainsi la distinction entre les principes fondamentaux ["al-Usûl"] et les principes secondaires ["al-Furû"] dans la formulation des prescriptions juridiques. Une méthode structuée et normative, permettant de rendre des jugements dans tous les cas de figure pouvant se présenter devant le juge, venait de voir le jour dans un islam qui s'était extrêmement étendu à de nombreuses civilisations différentes.
Un jour où il alla visiter la tombe de Cheikh Abû Hanifa (qdssl), il alla prier dans la mosquée la plus proche selon le rite hanafite par "politesse".
La foule était encore dense faisant la prière mortuaire ["Djanaza"] sur sa tombe encore 40 jours après son enterrement.
I l est aussi l'auteur du "Kitâb al-Umm" qui traite des fondements de la jurisprudence. Cheikh Ahmad Ibn Hanbal (qdssl) considère Cheikh Shâfi‘î (qdssl) comme le réformateur religieux du 2ème siècle de l'Hégire.voir aussi une biographie plus détaillée Biographie | Shâfi‘î [...].
4.2. Règles d'extraction d'un avis juridique selon Shâfi‘î (qdssl) : Du consensus malikite jusqu'à l'analogie hanafite
- Le Coran, dont il approfondit l'étude en distinguant notamment le général du particulier (à l'aide du contexte des versets coraniques), l'explicite de l'implicite, les fondements ["Usûl"] des branches ["Furû‘"] ;
- La Sunna ;
- Le Consensus de la Communauté des Croyants ["al-Idjmâ‘"] ;
- Les Fondement de la religion islamique ["Usûl ad-Dîn"] ;
- Le Raisonnement par analogie ["al-Qiyâs"] ;
- Le Raisonnement personnel ["ar-Ra‘y"].
L'excellence de cette méthode d'extraction ["Istinbât"] a permis de réconcilier les deux principaux courants de jurisprudence de son époque : les gens de la Tradition ["Ahl al-Hadîth"] dont le leader fut Mâlik et les gens du raisonnement ["Ahl ar-Ra‘y"] dont le leader fut Abû Hanifa.
4.2.1. La définition du consensus ["al-Idjmâ‘"] :
Il est rapporté de Shâfi‘î (qdssl) dans la Risâla
"1309. Shâfi‘î a dit : « Quelqu'un me posa cette question : J'ai compris ta doctrine relative aux règles de droit [instituées par] Dieu, puis Son Envoyé. [J'ai également compris que] celui qui agréé [les ordres] de l'Envoyé de Dieu agréé, par là même, ceux de Dieu, en vertu du devoir de stricte obligation qu'Il nous impose d'obéir à Son Envoyé. Ce que tu dis apporte la preuve qu'il n'est permis à aucun musulman connaissant une donnée coranique ou une tradition [de l'Envoyé de Dieu] de soutenir une opinion contraire, à l'une ou l'autre. Je sais qu'il s'agit là d'une stricte obligation divine.
Quelle est donc, d'après toi, la preuve selon laquelle on doit se rallier au consensus général, dans le cas où n'existe pas la prescription textuelle explicite dans le Coran ni de tradition transmise du Prophète ? Déclares-tu, comme d'autres, que le consensus ne peut jamais être fondé que sur une tradition bien établie, même si elle n'a pas été rapportée ? »
[note : il est sans doute fait allusion à l'avis malikite ci-dessus qui considère les traditions des Médinois comme le consensus]
1310. Shâfi‘î dit « Je lui répondis : Ce sur quoi les musulmans sont tombés unanimement d'accord en déclarant que c'est une transmission remontant à l'Envoyé de Dieu est conforme à la réalité, s'il plaît à Dieu.
1311. Quant à ce qui n'a pas été transmis comme [venant de l'Envoyé de Dieu], ils peuvent l'avoir rapporté par transmission effective remontant jusqu'à lui ; mais le contraire est également possible. Nous n'avons pas le droit de le considérer comme rééllement transmis, car on ne peut raisonnablement admettre comme transmis ce qui a été effectivement entendu et non ce qui a été imaginé comme tel, qui peut ne pas correspondre à ce que l'Envoyé de Dieu a effectivement dit.
[note : il s'agit ici de la réfutation shâfi‘îte de la légitimité malikite des traditions médinoises dans la jurisprudence]
1312. Nous adoptons donc ce qu'ils ont adopté, par souci de nous conformer à eux, car nous savons de Science certaine que les traditions de l'Envoyé de Dieu n'échappent pas à la masse des Croyants, même si c'est parfois le cas pour quelques-uns ; nous savons également de Science certaine que l'ensemble des Croyants ne peut tomber d'accord sur quelque chose de contraire à la Sunna du Prophète, ni sur une erreur, s'il plaît à Dieu.
1313. Si mon interlocuteur me demande : existe-t-il quelque chose qui prouve et corrobore ce que tu viens de dire ?
1314. On lui répondra : Sufyân Ibn ‘Uyayna nous a rapporté, d'après ‘Abd al-Malik Ibn ‘Umayr, d'après ‘Abd ar-Rhamân Ibn ‘Abd Allâh Ibn Mas‘ûd, d'après son père, que l'Envoyé de Dieu a dit : « Que Dieu illumine le visage du Croyant... »
Un prône de ‘Umar Ibn al-Khattâb
1315. Sufyân Ibn ‘Uyayna nous a informés, d'après ‘Abd Allâh Ibn Abû Labîd, d'après Sulayman Ibn Yasâr, d'après son père, que : « ‘Umar Ibn al-Khattâb fit un prône devant les gens à al-Djâbiya et il dit : « L'Envoyé de Dieu se tenait debout, comme je me tiens en ce moment parmi vous, et il a dit : « Honorez mes Compagnons, puis ceux qui viendront après eux, puis ceux qui viendront après. Puis apparaîtra le mensonge, au point que l'homme prêtera serment, alors qu'on ne lui a pas demandé de prêter serment ; il témoignera, alors qu'on ne lui a pas demandé de témoigner. Celui que réjouissent les délices du Paradis doit suivre ma Communauté, car Satan est avec l'homme isolé; mais quand il y a deux personnes ensemble, il s'éloigne un peu. Que l'homme ne s'isole pas avec une femme, car Satan sera troisième compagnon. Celui que réjouit sa bonne action et que désole sa mauvaise, celui-là est vraiment Croyant. » » »
"Suivre la Communauté" : signification
1316. Mon interlocuteur me demanda : Quelle est la signification de l'ordre du Prophète de "suivre la Communauté" [luzûm al-Djamâ‘a] ?
1317. Je répondis : Il n'y en a qu'une seule.
1318. Il me demanda : Comment ne peut-il contenir qu'une seule signification ?
1319. Je répondis : Lorsque la Communauté était dispersée dans les [différents] pays [de l'Islam], personne ne pouvait suivre une Communauté dont les peuples étaient physiquement dispersés, car ces groupes réunissaient musulmans et infidèles, hommes pieux et dépravés. Suivre la Communauté n'avait par conséquent aucun sens parce que c'était impossible : un agrégat de corps ["idjtimâ' al-abdân"] ne créé rien.
Cette expression n'a en effet, de signification pour les musulmans qu'en fonction des préceptes de licite, d'interdit ou d'obéissance édictés par Dieu et Son Envoyé, sur lesquels est fondée leur Communauté.
1320. Quiconque professe ce que professe la Communauté des musulmans la suit par là même. Et quiconque va à l'encontre de ce que professe leur Communauté va à l'encontre de cette Communauté, que l'Envoyé a ordonné de suivre. En effet le manque de vigilance a pour cause la scission.
Mais la Communauté ne peut, dans sa totalité, se tromper sur la signification d'un verset, d'une Sunna, ou d'un raisonnement analogique, s'il plaît à Dieu. »"
4.3. quelques exemples d'avis juridiques shâfi‘îtes
- Le musulman qui délaisse la Prière est un pervers et non un apostat (contrairement à l'avis hanbalite) et ne mérite donc pas le châtiment de l'apostat (la mise à mort) ;
4.4. Mon école est le Coran et la Sunna ! Muhammad Ibn Idrîs Shâfi‘î (qdssl) [150-204 H. / 767-820 ap. J.C.], Maître de l'école de jurisprudence Shâfi‘îte :
« Il n'est pas une personne sans qu'une Sunna du Messager de Dieu (qpssl) ne lui parvienne ou ne lui échappe. Alors quelle que soit la parole que j'émets, ou quelle que soit la règle que j'énonce, s'il existe quelque chose contredisant mon opinion provenant du Prophète (qpssl), la parole juste est alors ce qu'a dit le Prophète (qpssl), et c'est aussi ma parole. »Ainsi un Hadîth authentique contredisant un avis Shâfi‘îte doit être suivi et l'avis Shâfi‘îte rendu caduc et abandonné, selon les paroles mêmes de celui qui inspira cette école de jurisprudence.
4.5. quelques Savants ["al-Muttabi‘"] shâfi‘îtes
- Cheikh Abû Hamid al-Ghazâlî (qdlfm) [450 H - 503 H], Iranien de Tûs ;
- Cheikh Fakhr ad-Dîn Ar-Râzî (qdlfm) [545 H - 607 H] , Iranien de Ray ;
- Cheikh Muhyiddîn Nawawî (qdlfm) [631 h - 676 H], Syrien du village de Nawâ ;
4.6. synthèse et conclusion Cette méthodologie a véritablement donné ses lettres de noblesse à la Jurisprudence islamique qui est devenue une véritable institution universitaire depuis son application.
Nous citerons, à titre d'exemple, quelques règles générales de jurisprudence qui sont devenues généralisées et acceptées par tous les Savants de la Jurisprudence ["Fiqh"] :
- "En matière d'actes d'adoration ["al-‘Ibâdat"], tout est interdit sauf ce qui est autorisé" ;
- "En matière de rapports humains ["al-Mu‘âmalât"], tout est autorisé sauf ce qui est interdit" ;
- "La chose sans laquelle l'obligatoire ne peut se réaliser devient obligatoire" [“Mâ lâ yatimmu-l-wâdjibu illâ bihî, fa huwa wâdjib”].
Si j'avais à choisir une école, mon coeur pencherait pour l'école Shâfi‘îte qui est à la fois attachement profond à la Sunna et grande souplesse grace à l'usage de la Raison et de l'Analogie. La recherche des fondements et des branches de la jurisprudence est aussi un outil fabuleux pour comprendre et enseigner cette Science ainsi que pour rendre un jugement éclairé par une méthode saine.
5. Les fondements de la jurisprudence hanbalite | ![]() ![]() |
5.1. Microbiographie de ahmad résumé de sa vie réalisé à partir du livre "Les quatre imâms fondateurs des écoles sunnites", de Messaoud Boudjenoun, aux éditions Universel, ISBN 2-911546-41-5
Son école de jurisprudence ["Madhâb"] a, encore de nos jours, une influence marquée en Arabie Saoudite, dans le Golfe persique et plus ou moins en Syrie.
Ce Bagdadi est né orphelin de père. Très pudique très jeune, les femmes lui demandaient de transmettre leurs questions au Maître d'école. Il apprit le Hadîth d'Abû Yûsuf (l'élève d'Abû Hanifa -qdsseux2). Il voyagea vers Kûfa, Basora, La Mecque, Médine, le Yémen et la Syrie à la recherche de la Science. Ses études l'accaparaient tellement qu'il ne se maria qu'à l'age de 40 ans, âge auquel il daigna enfin enseigner la Science qu'il avait apprise, car le Prophète (qpssl) avait commencé à recevoir la Révélation à cet âge. "Allergique" au raisonnement personnel ["er-Ray"], cher à Abû Hanifa (qdssl), il étudia chez le Savant Malikite Hushaîm Ibn Bachîr et d'autres dont un des Savants de l'école Shafi‘îte (‘Abd er-Rahmân Ibn Médhî). Il fit 5 fois le Pélerinage, dont 3 fois à pied. Victime d'un voleur, il préférera travailler comme porteur plutôt que de devoir quémander des Aumônes ["Sadaqat"]. Fidèle à sa parole, il ne pourra rejoindre son Cheikh, l'Imâm Shâfi‘î, avant son décès... On raconte qu'il fut le premier Traditionniste musulman à voyager à travers le monde musulman afin de recueillir le Hadîth. Il refusera obstinément un poste de juge au service du calife el-Amîne. Son cercle d'enseignement comprenait jusqu'à 5 000 personnes après la Prière de l'Après-Midi ["‘Asr"]. Les plus pauvres parmi ses étudiants étaient ceux qu'il respectait le plus. Il réalisa son célèbre Musnad, qui contient quelques 30 000 ahadith (triés parmi le million qu'il connaissait par coeur), mais aussi une Exégèse du Coran ["Tafsir"] ainsi qu'un ouvrage sur l'abrogeant et l'abrogé. Plus d'un demi-million de musulmans assistèrent à son enterrement.
L'élément le plus marquant de sa vie fut certainement son endurance face aux persécutions du pouvoir innovateur mu‘tazilite et son refus de se rallier à leur avis sur le caractère créé du Coran. Il représenta à lui seul, durant cet événement, ce que Shâfi‘î appèle le Consensus des musulmans ou encore la Communauté (comme ce fut le cas d'Abraham -qpssl). Aujourd'hui le caractère incréé du Coran est une vérité admise par le Consensus des Savants musulmans et un élément de Foi islamique.
Son école de Jurisprudence se caractérise par un attachement rigoureux au sens littéral et apparant et rejète le raisonnement personnel ["er-Ray"] ainsi que le raisonnement par analogie ["Qiyâs"] (particularité de l'école Hanafite) et le Consensus des Savants ["Idjmâ‘"] (particularités de l'école Shafi‘îte) auquels il préfère le Hadîth Faible ["Da‘îf"]. Certains Savants contemporains expliquent que ce qu'il considérait hier comme Hadîth Faible ["Da‘îf"] aurait le statut, aujourd'hui de Hadîth Bon ["Hassan"].voir aussi une biographie plus détaillée Biographie | Ahmad Ibn Hanbal [...].
5.2. Règles d'extraction d'un avis juridique selon Ahmad (qdssl) : le Coran, la Sunna authentique, la Sunna moins authentique
- Le Coran ;
- La Sunna ;
- Hadîth Faible ["Da‘îf"] ;
5.3. quelques exemples d'avis juridiques hanbalites
- Le musulman qui délaisse les 5 Prières canoniques doit être emprisonné, interrogé sur sa Foi et sur sa Science (notamment l'obligation de la Prière) et si, au bout de 3 jours, il refuse toujours de prier, il est considéré comme apostat et doit être exécuté par l'autorité musulmane ;
- Il est autorisé à la femme de faire figurer une clause de monogamie dans son contrat de mariage ;
5.4. Mon école est le Coran et la Sunna ! Ahmad Ibn Hanbal Echibâni (qdssl) [163-241 H. / 780-856 ap. J.C.], Maître de l'école de jurisprudence Hanbalite :
« N'imites ni moi, ni Mâlik, ni Shâfi‘î, ni Awzâ‘i, ni Thawri mais puise d'où ils ont puisé. »Ainsi un Hadîth authentique contredisant un avis Hanbalite doit être suivi et l'avis Hanbalite rendu caduc et abandonné, selon les paroles mêmes de celui qui inspira cette école de jurisprudence
5.5. Quelques Savants ["al-Muttabi‘"] Hanbalites Parmi ses enfants :
Parmi les Anciens :
- Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya (qdlfm) [661 H - 728 H], Irakien d'Harran ;
- Cheikh Ibn al-Qayyim al-Djawziyya (qdlfm) [691 H - 751 H], Syrien de Zar‘ ;
- Ibn Kathir (qdlfm) ;
Parmi les contemporains :
5.6. Synthèse et conclusion Née dans une période de grande épreuve pour la Communauté musulmane, l'école hanbalite, son Imâm en tête, a été l'instrument avec lequel Dieu a rétabli l'équilibre. Face aux excès des philosophes Mu‘tazilites (rationalistes hellénisants), Il a envoyé une réformateur littéraliste qui a rétabli des vérités négligées. Vouloir appliquer, en tout temps, cette rigueur et ce retour stricte aux fondamentaux de l'islam n'est pas rendre justice à cet éminent Savant. En effet la leçon centrale de sa vie est bien au-dessus du sectarisme et du zêle imitateur. En cette période de troubles dans les coeurs des musulmans, les Savants furent corrompus et menacés par le pouvoir royal au point qu'il ne resta, parmi eux, plus qu'un seul défenseur de la Vérité : le Coran est la Parole incréée de Dieu, valable en tout temps, et non une simple créature valable seulement pour une époque et que l'on peut réadapter au besoin.
Cette leçon c'est qu'à un moment donné de l'histoire musulmane, la Communauté de Vérité n'était représentée que par un seul homme. Que les autres aient succombé aux tentations de l'innovation, de la philosophie, de l'éloignement du Livre Sacré, aux corruptions d'un pouvoir d'état hérétique, aux menaces et tortures de ce dernier, mais Dieu préserva la Vérité en un seul homme à qui Il donna Science et courage sur un aspect précis de l'islam. Cette règle juridique s'applique encore de nos jours : nulle école juridique, nul Savant ne peut se targuer de disposer de la Vérité absolue sur tous les sujets de l'islam. L'erreur est humaine, la perfection en toute chose divine. Ahmad Ibn Hanbal détenait la Vérité sur la qualité du Coran mais il a très bien pu se tromper sur d'autres avis qu'il a donné. C'est une leçon que devraient méditer tous les apotres zêlés d'une école ou d'un Savant : La Vérité peut se trouver ailleurs, alors regardons les arguments et les preuves des uns et des autres afin de déterminer où elle se trouve.
6. Les fondements de la jurisprudence dhâhirite | ![]() ![]() |
7. L'école salafiste du suivi des Pieux Prédécesseurs ["as-Salaf as Sâlih"] | ![]() ![]() |
7.1. Règles d'extraction d'un avis juridique salafi : l'avis le plus juste, le suivi des Compagnons et des pieux prédécesseurs, l'étendue de la notion d'innovation et un protectionnisme social étendu
- Le Coran ;
- La Sunna authentique ;
- L'utilisation d'une tradition apocryphe ["Hadîth Da‘îf"] ;
- Bloquer toutes les voies qui mènent au péché ["Sadd adh-Dhariâ‘i‘"] ;
- Le suivi des avis de certains Compagnons et de certains Savants de préférence au Consensus des Croyants ;
7.2. Quelques exemples d'avis juridiques salafis
- L'obligation, pour les musulmans vivant en pays mécréant, d'émigrer vers un pays musulman -> Cet avis est incorrect et excessif tant que l'on peut pratiquer son islam sans crainte pour sa vie, nous l'avons longuement traité dans Téléchargement de cours islamiques ["Durus"] | 2.1. Les preuves ["Dalils"] concernant le cours sur l'obligation de l'Emigration ["Hidjra"] [...] ;
- L'obligation pour les femmes de se couvrir le visage et les mains en public -> Cet avis est incorrect, nous l'avons longuement traité dans l'article sur Le mariage islamique | 1.5. Le voile intégral ["Niqâb"] propre aux Mères des Croyants ["Umm al-Mu‘minûn"] (qdssellest) et sa généralisation culturelle dans certains pays [...] ;
- L'obligation pour les hommes de faire toutes les Prières à la mosquée (si elle est proche), sinon sa Prière n'est pas valide -> Cet avis est incorrect car si la Prière en commun a plus de mérite que la Prière faite seul ou ailleurs qu'à la mosquée, cela prouve bien que la Prière seul ou en dehors de la mosquée est valide. Seulement si l'on se trouve proche d'une mosquée et que l'on ne s'y rend pas par paresse, cela peut devenir un péché et un chemin qui souille le coeur, contrairement aux difficultés rencontrées par les musulmans travaillant en pays non musulman (peu de mosquées de proximité, pas d'Appel à la Prière publique) ;
- L'autorisation, voir la recommandation, de l'excision féminine ["al-Khifâd"] -> Se baser sur un (ou plusieurs) Hadîth Da‘îf pour mutiler le corps et réduire le droit au plaisir des femmes n'est pas permis. Si l'on considère ce Hadîth comme authentique, il démontre seulement son autorisation et son allégement SI cela fait partie des coutumes tribales (cela ne peut donc pas être généralisé). De plus si la médecine moderne a prouvé les bienfaits de circoncision masculine, elle condamne l'excision féminine dont aucun bienfait n'a jusqu'alors été démontré, au contraire les désordres biologiques et psychologiques sont importants contrairement à la circoncision masculine et Dieu ne commande que le Bien (voir La Vie, un don précieux qu'il nous est interdit d'altérer | 2. Rapport au corps et à la santé : La circoncision ["al-Khitân"] [...]) ;
- L'interdiction à la femme de conduire -> c'est un excès basé sur la fermeture des routes qui mènent au péché mais, en matière de relations humaines, il n'est pas permis d'interdire sans preuve claire alors que nous avons sur ce sujet des preuves claires que cela fut permis à une époque meilleure que la nôtre ;
- L'interdiction à la femme de voyager seule (sans Mahram) même si les routes sont sûres, exception faite de l'emmigration vers un pays musulman -> Les Savants ont divergé à ce sujet mais l'avis le plus juste est que cela est permis sur des routes sûres et sécurisées comme nous l'avons montré dans L'Egalité homme femme devant Dieu | 11. La musulmane et le permis de conduire ;
- L'interdiction de la fellation et du cunnilingus -> c'est un excès basé sur l'interdiction du suivi des coutumes des mécréants mais en matière de relations humaines, il n'est pas permis d'interdire sans preuve claire et Dieu seul sait qui a eu le premier cette initiative (il n'est pas clairement prouvé que ce sont des mécréants). De plus on ne peut se différencier sur tous les culturèmes des mécréants, seuls quelques uns parmi les plus visibles sont obligatoires (voir Miracle psychologique du Coran : la sexualité en islam [...]) ;
- Le port de la barbe est obligatoire pour les hommes pubères, cela différencie le musulman du non musulman, l'adulte responsable de l'enfant irresponsable et cela fait partie de la saine nature humaine. Cela est l'avis des 4 écoles juridiques historiques précédentes qui font consensus. -> Ces 4 Savants eurent la particularité de vivre en pays musulman à une époque où le califat était vaste et puissant (ainsi le nombre de musulmans vivant en pays non-musulman se limitait essentiellement à quelques commerçants occasionnels et diplomates) alors qu'aujourd'hui le monde musulman est morcelé et faible en plus d'être dictatorial et empêche globalement la diffusion de certaines vérités génantes et le nombre de musulmans vivant en pays non-musulmans est bien plus grand, faisant surgir de nouveaux besoins en terme de jurisprudence que le Consensus des Prédescesseurs n'avaient pas pu envisager ;
Ces avis juridiques ont en commun le choix de la dureté et non de la facilité pour la vie de tous les jours, de la réduction des droits de la femme et non son émancipation. Les Savants suivant cette école font "passer la pilulle" de ces avis sous couvert d'un surcroit de piété apparente, de rigueur et d'attachement à la lettre, délaissant malheureusement l'esprit de la Loi divine : facile, sage, juste et épanouissante.
7.3. Quelques Savants ["al-Muttabi‘"] Salafis Parmi les Anciens :
Parmi les contemporains :
- Cheikh Cheikh Albânî [...] (qdlfm), ce dernier, à la fin de sa vie, est revenu sur l'avis du Voile complet ["Niqâb"] au profit du Voile islamique ["Hidjâb"] ;
- Cheikh Ibn Bâz [...] (qdlfm) ;
- Cheikh ‘Uthaymin [...] (qdlfm), il fait la distinction entre le groupe Salafi (dont on doit s'éloigner) et le Minhadj Salafi (qu'il faut suivre) ;
- Cheikh Muqbil Ibn Hâdi al-Wâdi‘i (qdlfm) ;
- Cheikh Fawzân (qdlsc) ;
- Cheikh Rabi‘ Ibn Hâdi ‘Umayr el-Madkhali (qdlsc) ;
- Cheikh ‘Abd el-Malik Abû Adam al-Firansi (qdlsc) ;
- Cheikh Abû Hammâd Sulayman Dameus al-Hayiti (qdlsc) ;
7.4. Synthèse et conclusion De grands Savants contemporains de la Communauté musulmane ont lutté toute leur vie contre la sectarisation provoquée par l'exagération dans le suivi de telle ou telle école et la diabolisation de ceux qui suivent une autre école que la sienne. Nous citerons Cheikh Albânî [...], Cheikh Ibn Bâz [...] et Cheikh ‘Uthaymin [...] (qdlfm) notamment pour leur combat sur la Voie de Dieu en ce domaine.
Mais cette lutte pour la Vérité a eu des effets néfastes sur la Communauté, au point que la focalisation sur le combat de ces éminents juristes contre les groupes sectaires issus des écoles (qui provoquaient la division dans la Communauté) a éloigné d'autres luttes toutes aussi importantes comme la lutte pour l'appropriation de la "chose scientifique" étrangère, la réflexion sur l'état de la Communauté et comment l'en sortir, la place de la femme dans le foyer, etc... :
- La première critique que l'on pourrait leur apporter est ce rigorisme dans l'application de l'islam qui se caractérise par un littéralisme des textes et leur application au pied de la lettre, parfois en violation avec son esprit.
Cheikh Youssouf al-Qaradâwî (qdlsc) dit dans son livre "La Sounna du Prophète"pp 32 et 33 :
"La mise en garde contre trois fléaux
Un Hadîth du Prophète (qpssl) fait allusion à la menace que représentent pour son enseignement les rigoristes, les imposteurs et les ignorants.
Selon ce Hadîth, rapporté par at-Tabarî [authentifié par Ibn al-Qayyim, Ahmad Ibn Hanbal, ‘Abd al-Barr et al-‘Uqaylî], par Tamâm dans ses Fawâ‘id, par ‘Adî et d'autres, le Prophète (qpssl) a dit :
"Les justes de chaque génération porteront ce savoir et le préserveront de la déformation des rigoristes, de l'usurpation des imposteurs et de l'interprétation des ignorants."
Ce sont là trois maux dont chacun représente un danger pour l'héritage prophétique.
[...]
La déformation des rigoristes
Le premier de ces maux est la déformation due à l'exagération et au rigorisme extrême, par lesquels on s'éloigne de la voie du juste milieu qui caractérise l'islam, de la nature harmonieuse de la Religion pure et de la souplesse qui accompagne les presciptions de la Loi.
Cet excès a autrefois conduit à leur perte une partie des Juifs et des Chrétiens qui ont commis des excès dans leur religion, dans leur culte et dans leur comportement.
Le Coran en fait état dans le verset :
Sourate 5, verset 77
"Dis-leur : "Ô gens des Ecritures ! Ne soyez pas excessifs dans votre religion ! Respectez la Vérité ! Ne commettez pas les erreurs de ceux qui se sont égarés avant vous, qui ont égaré bien d'autres à leur suite et qui ont perdu la bonne direction.""
C'est pourquoi, Dire [« Hadîth »], Ahmad Ibn Hanbal, an-Nasâ‘î, Ibn Mâdjah, al-Hâkim, Ibn Khuzayma et Ibn Hibbân [authentifié par Albânî dans "Sahîh al-Djâmi‘ as-saghîr wa zyâdatouhu" #2680] rapportent d'après ‘Abd Allâh Ibn ‘Abbâs que le Prophète (qpssl) a dit :
"Prenez garde à l'excès en matière de Religion, ce qui a perdu vos prédécesseurs c'est uniquement l'excès en matière de Religion."
Dire [« Hadîth »], Muslim (qdssl) [#3068] et Nawâwî [#144] rapportent que ‘Abd Allâh Ibn Mas‘ûd (qdssl) a raconté :
"Le Prophète (qpssl), a trois fois répété la Tradition suivante : « Les âmes extrémistes sont damnées ».""
- La seconde est cette dynamique de violation du Soi qui vise à se forcer à faire l'acte religieux sans attendre que l'initiative ne vienne du coeur (intention). Si ces Savants furent exempts en eux-mêmes de cette volonté, leur manque de pédagogie et d'enseignement de cette pédagogie prophétique a amené leurs élèves à ces extrêmités extrêmement dommageables pour la prédication islamique ;
- La troisième serait le manque de réceptivité de ces Savants à la "chose scientifique" si l'on peut dire. A savoir qu'ils ont passé leur vie dans le Coran, la Sunna et les bibliothèques islamiques au point d'être totalement ignorants des révolutions scientifiques qui ont ébranlé leur époque. On en arrive à de telles absurdités qui mènent à la négation de réalités scientifiques prouvées telles que le premier homme qui a posé le pied sur la Lune. Seuls les sociétés vivant en autharcie depuis des siècles, tels les pigmés, ignorent et nient encore une telle réalité. C'est un fait que de nombreuses nations vont dans l'espace et que cela ne peut pas être un mensonge orchestré mondialement. Nos téléphones marchent grace aux satellites ainsi mis sur orbite. Et si l'on peut aller dans l'espace alors on peut aller sur la Lune. Et si l'on est capable d'envoyer des sondes sur Mars, alors l'on peut en envoyer sur la Lune. Les résultats de cet événement unique dans l'histoire de l'humanité a amené la communauté scientifique à une étude approfondie de l'événement sous tous ses angles au point que l'on ne peut décemment nier sa réalité. Ils suivent en cela les égarements chrétiens passés bien connus qui menèrent à l'éloignement des hommes de la "chose religieuse chrétienne", car contradictoire avec les vérités scientifiquement prouvées à leur époque. Ainsi la religion chrétienne ne se concilia jamais avec la Vérité scientifique au contraire de l'islam qui en fut même le principal moteur dans le passé. Refuser de s'approprier la science moderne risque de plonger l'islam dans une crise d'identité profonde qui éloignera à jamais la Science divine du coeur des hommes scientifiques modernes ;
Comme exemple concrêt, nous pourrions citer l'avis juridique de certains Savants salafis interdisant la photographie ainsi que le cinéma et qui est une application rigoureuse et extrême des textes pourtant en contradiction avec le sens des textes et la nature même de la technique photographique (technique dont ils montrent leur totale incompréhension) :
Cheikh Youssouf al-Qaradâwî (qdlsc) dit dans son livre "La Sounna du Prophète"pp 230 à 232 :
"Si [Abû Hamîd] al-Gazâlî a remarqué le changement de signification de ces cinq mots [la compréhension de la Religion "al-Fiqh", le Savoir "al-‘Ilm", le Monothéisme "at-Tawhîd", le Rappel "at-Tadhkîr" et la sagesse "al-Hikma"] dans le domaine du savoir, il existe également de nombreux autres mots dont la signification a changé, dans des domaines variés qu'il serait difficile de recenser ici.
En outre, ces changements de signification se poursuivent encore, d'une époque à une autre, d'un lieu à un autre et en fonction également de l'évolution humaine. L'écart est parfois grand entre le sens original d'un mot aux yeux de la Voie islamique ["Sharî‘a"] et le sens que lui attribue l'usage ou la terminologie moderne. Cela donne alors lieu à des confusions et des erreurs d'interprétation involontaires, ou à des détournements et des falsifications délibérés.
Les grands Savants de notre Communauté ont précisément mis en garde contre de tels agissements de sens, par lesquels les termes de la Voie islamique ["Sharî‘a"] seraient compris selon les acceptions nouvelles acquises par les mots d'une époque à une autre.
Omettre de tenir compte de ce paramètre conduit à de nombreuses erreurs, comme nous pouvons le constater à notre époque.
Prenons par exemple le mot "fabrication d'images" ["Taswîr"], employé dans des ahadith unanimement reconnus authentiques. Quel sens a ce mot dans les ahadith qui promettent le pire châtiment à "ceux qui fabriquent les images" ["al-Musawwirûn"] ?
De nombreux auteurs d'ouvrages sur les ahadith ou sur le droit musulman incluent aujourd'hui dans cette menace les "utilisateurs de caméras", que l'usage arabe moderne désigne sous le nom de "ceux qui fabriquent les images" ["al-Musawwirûn"].
Or, cette appellation a-t-elle une base linguisitique ?
Personne ne prétendra non plus que cette appellation appartienne à la Voie islamique ["Sharî‘a"], puisque cette forme d'art n'existait pas à l'époque de la Révélation ; on ne saurait donc imaginer que le mot "ceux qui fabriquent les images" ["al-Musawwirûn"] ait été employé pour désigner quelque chose qui n'existait pas.
A qui est donc dû l'emploi du mot "fabrication d'images" ["Taswîr"] pour désigner la "photographie" ou le "cinéma" ? Cet emploi est le fait des Arabes modernes, ou de ceux qui ont vu la naissance de cet art à leur époque.
Ils auraient aussi bien pu utiliser un autre mot, comme par exemple "reflet" ["al-‘aks"]. C'est d'ailleurs le mot qui est employé dans certaines parties du monde arabe comme le Qatar et les pays du Golfe. Ce mot est d'ailleurs plus proche de la réalité, puisque la photographie est un procédé permettant de fixer le reflet d'une image, tout comme une image se reflète dans un miroir. C'est sur cet argument que Cheikh Mohammed Bakhît al-Muti‘î, mufti d'Egypte à son époque, s'est appuyé pour déclarer licite la photographie.
Comme l'usage arabe moderne appelle "fabrication d'images" ["Taswîr"] la "photographie", il utilise maintenant le mot "naht" pour désigner la "sculpture", que le terme "fabrication d'images" ["Taswîr"] désignait à l'époque des Savants anciens ; ceux-ci interdisent unaniment la fabrication d'images "produisant une ombre", selon leur expression, à l'exception des jeux pour les enfants.
Est-ce que ce changement de nom rend pour autant la sculpture licite ? Non, bien sûr. Cette forme de fabrication d'images est celle qui correspond le plus exactement à la signification tant linguisitique que juridique du mot "fabrication d'images" ["Taswîr"]."
Cet excès amène même certains de ces "Savants salafis" à rendre mécréants ceux qui sont de l'avis de la licité de la photographie et de la vidéo, les considérant innovateurs et pervers dans le meilleur des cas... Seuls leur stupidité, leur rigorisme au texte et leur éloignement de son sens en ressortent. D'ailleurs : rendent-ils pour autant interdit l'usage des miroirs ? Certes non, car comment pourraient-ils alors se contempler et s'enjoliver ? Et rendraient-ils autorisé la scultpure sur la base du même Hadîth que le mot ne désigne plus dans la pratique ? Non, ils ne l'osent pas car ils ont compris le danger de cet acte par lequel la créature défie le Créateur en voulant l'imiter. En résumé : ils comprennent ce qu'est la sculpture mais ne comprennent pas les mécanismes de la photographie ou de la vidéo.
- La quatrième serait leur volonté de plier tous les hommes au seul mode de vie arabe au point de faire de l'habit rituel pour la Prière un élément social important de la conversion de l'autre à l'islam (celui qui le porte toute la journée). Or prier dans un seul vêtement (vérité islamique) n'est pas la même chose que porter toute la journée ce même vêtement (coutume vestimentaire arabe). Ils ont tellement exagéré dans la généralisation qu'ils en sont venu à rendre obligatoire dans les relations humaines ce qui ne l'est pas. Et la tenue vestimentaire est très différente entre les peuples, c'est une miséricorde de Dieu (qsE) que d'accepter cette diversité dans l'Unité de l'islam. Il est plus sage d'avoir une application hanafite -plus ouverte- de la législation dans les affaires culturelles ["al-Mu‘âmalât"] dans le but de s'éloigner de ce grand danger dans lequel est tombé le peuple juif avant nous : se croire avec fierté et orgueil le peuple élu.
Prendre les Conseils juridiques ["Fatawa"], concernant les affaires culturelles ["al-Mu‘âmalât"], de Savants qui n'ont jamais voyagé en dehors de leur pays est une mauvaise pratique, aussi éminents soient-ils. Cheikh Shâfi‘'î (qdssl) a notamment édicté une règle de Jurisprudence qui oblige le Savant qui donne un Conseil juridique ["Fatwa"] sur un pays, d'y avoir voyagé afin d'en connaître les coutumes et l'état de l'islam.
Ce qui suit est un entretien avec Umm ‘Abd Allâh, la femme de notre Cheikh, Muhammad Ibn Salih al-‘Uthaymin (qdlfm). Cette interview a été réalisée par la sœur Maha Bint Hussein ash-Shammari et publiée dans le "Magazine al-Mutamayyizah," Riyad, Royaume de l'Arabie Saoudite; Edition No. 45, Ramadhan, 1427.
Traduit par l'Equipe Alminhadj.fr
"Question 28 : A t-il voyagé dans un but autre que la recherche de la Science ?
Réponse : Non, il n'a pas voyagé sauf pour la recherche de la Science. Il voyageait à la Mecque pour la ‘Umrah, où il consacrait du temps pour des conférences. De plus, il est allé à Riyad et Taïf pour participer aux rencontres du Comité des Grands Savants, où il avait aussi programmé des conférences.
Question 39 : quel comportement adoptiez-vous avec le Cheikh lorsqu' il voyageait pour prêcher ?
Réponse : J'avais l'habitude de l'inciter et de l'encourager et aussi de lui faciliter les choses en lui fournissant ce dont il avait besoin. En général, il voyageait peu et j'avais l'habitude de l'accompagner dans la plupart d'entre eux. Concernant les voyages en dehors du Royaume, il n'a quitté le pays qu'une fois, cela lorsqu'il partit se soigner en Amérique, voyage qui n'a duré que 10 jours environ et durant lequel je l'ai accompagné."
Les Conseils juridiques ["Fatawa"] des Savants d'un pays (comme l'Arabie Saoudite) concernant les affaires culturelles ["al-Mu‘âmalât"] ne peuvent que concerner leur propre pays si ces derniers n'ont pas voyagé. C'est la différence entre le Savant ["‘Alim"] et le Mufti. Le Mufti est habilité, de par ses voyages, à délivrer des Conseils juridiques ["Fatawa"] concernant plusieurs pays, au contraire du Savant ["‘Ulama"] ;D'une manière plus globale, la Prêche salafiste, concentrée sur l'enseignement du Dogme purifié, a complètement délaissé ce qui intéresse les populations musulmanes : comment pratiquer leur islam aujourd'hui avec efficacité, comment ne pas s'enliser dans la fidélité à la lettre de la Loi sans en trahir son esprit, son âme, son coeur, son moteur.
Malek BENNABI (qdlfm), ingénieur, penseur musulman idéologue du FLN et sociologue de l'indépendance algérienne dont il deviendra Directeur de l'Enseignement Supérieur, dit dans son livre "Les grands thèmes" -L'idéologie- pp 92/93 :
"Cependant, il faut encore poser une question : quel islam doit-on insérer dans notre système idéologique ?
Sur le plan social, le jugement ne porte pas sur une valeur métaphysique mais sur une action humaine. Encore une fois, nous saisissons là, par recoupements, une lacune de la renaissance musulmane, qui a posé implicitement un problème de credo là où il ne se posait pas. Il ne s'agissait pas d'apprendre ou de désapprendre au musulman sa Foi mais son usage et son efficacité dans la vie. Les réformateurs sont passés à côté de ce problème.
Du point de vue social, les circonstances historiques présentent parfois un dilemme : fidélité à la lettre ou fidélité à l'esprit ?
‘Umar Ibn al-Khattâb s'est trouvé une fois devant un cas qui posait précisément ce dilemme. La disette qui avait sévi au commencement de son règne, auquel l'histoire donna le nom de "am er-ramada", avait amené un certain citoyen de Médine à voler du pain pour se nourrir. Le cas était clair aux yeux de la Loi : il fallait couper la main du voleur. Mais le grand Calife, s'attachant à l'esprit plutôt qu'à la lettre, libéra le voleur en lui donnant toutefois des conseils pour ne pas retomber sous le coup de la Loi, avec le ravitaillement nécessaire à sa vie en attendant un temps meilleur.
Ce faisant, ‘Umar a ouvert au droit musulman une voie que nous ferions bien de ne pas oublier."Or la plupart des Savants de cette école sont essentiellement des spécialistes du Dogme ou de la Jurisprudence avec une rigueur qui fôle parfois dangereusement la paranoïa au point de diriger la Communauté vers une véritable impasse pratique qui l'empêche d'illuminer le monde.
8. L'école moderne des objectifs supérieurs ["al-Maqâsid"] | ![]() ![]() |
8.1. Règles d'extraction d'un avis juridique selon l'école moderne : le Coran, la Sunna authentique, la science des priorités selon la Sunna et les sciences complémentaires
- Le Coran ;
- La Sunna ;
- Les Objectifs supérieurs du Droit ["al-Maqâsid"] ;
- La méthodologie de la prêche prophétique ["ad-Da‘wa"] à travers l'histoire de la Révélation ["Sirâ"] ;
- Les sciences profanes complémentaires ;
- Les traditions locales ;
En effet la prédication islamique ["ad-Da‘wa"] (et Cheikh Mohammed al-Ghazâlî -qdlfm-
fut un grand prédicateur en Egypte et en Algérie notamment) amène à voir l'islam sous un oeil vivant et non pas figé, mort. L'objectif final vers lequel nous devons tous tendre est clair et rendu parfait (donc "figé") mais la méthode pour y arriver est vivante et donc nécessairement non figeable puisque nécessitant des ajustements permanents en fonction des gens et des peuples. Le point de vue salafiste sur le sujet ne prend en compte ni la psychologie individuelle, ni le côté sociologique dans sa prédication, contrairement à l'école moderne. Or, si le Coran a été descendu en une seule fois depuis Dieu (qsE), établi sur Son Trône, vers les 1er Ciel, il ne fut révélé qu'en plusieurs étapes du 1er Ciel vers la Terre, c'est à dire transmis par l'Archange des Révélations Gabriel (slp) vers le Sceau de la Prophétie Mohammed (qpssl) durant 23 longues années. Et les Salafis d'aujourd'hui ne tiennent pas compte, dans leur formation des nouveaux convertis, de ce temps d'assimilation, nécessaire à tout être humain afin qu'il accepte la Vérité divine et finisse par s'y conformer dans ses actes mais surtout dans son coeur.
Sourate 25, versets 1 et 32
"Béni soit Celui qui a révélé graduellement le Livre du discernement à Son serviteur, pour qu'il avertisse l'Univers !
[...]
Et les négateurs de dire encore : "Pourquoi le Coran n'a-t-il pas été révélé au Prophète d'une seule traite ?" Nous l'avons révélé ainsi pour affermir ton coeur afin qu'il soit soigneusement récité,
et de manière à ce qu'aucune question ne soit posée par les impies sans que Nous t'en fournissions la vraie réponse et la meilleure explication."L'école moderne se veut tirer les leçons de la sagesse divine concernant la descente de la Révélation par étapes en y appliquant des sciences modernes de la psychologie et de la sociologie notamment (résistance humaine naturelle au changement). Jamais le Coran ni la Sunna ne sont éloignés par ces sciences et ce qui éloigne du Coran et de la Sunna parmi ces sciences est tout simplement rejeté par l'école moderne. Si la consommation de l'alcool avait été interdite dès les débuts de la Révélation coranique, combien se seraient convertis ? On sait que des Mudjahidins de Badr et Uhud buvaient encore de l'alcool qui n'avait pas encore été interdit par Dieu (qsE). Quels auraient été les résultats de ces batailles pour les musulmans si ces précieux hommes (les effectifs musulmans étaient très réduits alors, ils se batirent à 1 contre 3 puis à 1 contre 4) avaient manqué à l'appel le jour de ces 2 batailles décisives pour l'avenir de l'islam ? Dieu (qsE) est plus Savant et Sait où mettre Sa Sagesse. Or, dire à quelqu'un qui vient de rentrer dans l'islam et qui n'a pas encore assimilé tout ce qui découle de la prononciation verbale et du coeur de la Profession de Foi islamique, qu'il doit maintenant prier ses 5 Prières à l'heure (et que sinon elles ne sont pas valides et qu'il est mécréant avant même d'avoir cru), quitte à chambouler radicalement ses habitudes, perdre son emploi, ou bien se laisser pousser la barbe immédiatement, porter le Voile islamique ["Hidjâb"] immédiatement, abandonner l'acool immédiatement, etc... est une folie mortellement dangereuse pour la prédication islamique ["ad-Da‘wa"].
Dire [« Hadîth »], Bukhârî (qdssl) [#3650] rapporte d'après Imrân Ibn Husayn (qdssl), le Messager de Dieu (qpssl) a dit :
"« Les meilleurs de ma Nation sont ceux de ma génération, puis viennent ceux qui viendront après eux, puis ceux qui suivent ces derniers (Imrân : Je ne sais pas s'il compta ou non une ou deux générations après la sienne). Après vous il y aura des gens qui [aiment] à se présenter pour témoigner sans que cela ne leur soit demandé ; ils trahiront et on ne pourra leur faire confiance ; ils feront des vœux qu'ils ne respecteront pas ; la corpulence apparaîtra parmi eux. »"Dire [« Hadîth »], Bukhârî (qdssl) [#3673] rapporte d'après Abû Sa‘îd Al-Khudry (qdssl) ainsi que par Djarîr, ‘Abd Allâh Ibn Dâwûd, Abû Mu‘âwiyya et Muhadir (qdsseuxt) que le Prophète (qpssl) a dit :
"« N'insultez pas mes Compagnons ! Car [même] si l'un de vous dépense l'équivalent du mont Uhud en or, il n'atteindra pas le mud ou la moitié du mud [dépensé] par l'un d'eux. »"Si cela n'a pas été appliqué immédiatement ainsi par Dieu (qsE) et Son Messager (qpssl) à la meilleure des générations jamais suscitée sur Terre, alors que dire de ceux qui veulent le faire pour la génération contemporaine, naturellement moins réceptive au Message que la première ?
Ce qui doit être recherché dans ces cas de figure est la radicalisation dans la sincérité de l'Attestation de Foi, en douceur, par étapes, par le savoir, d'une façon adaptée à chacun car tous n'ont pas le même potentiel ni le même coeur et que Dieu (qsE) élève certains par rapportà d'autres de par la sincérité de leur Foi et la vitesse d'assimilation qui les amène à pratiquer plus vite que d'autres plus d'oeuvres pieuses et ainsi leur permet d'atteindre des niveaux plus élevés dans le Paradis plutôt que la simple radicalisation dans les actes.
D'ailleurs les résultats suffisent à montrer que l'approche directe et figée de l'application de la Sunna n'est pas la meilleure, qu'elle éloigne plus de l'islam qu'elle n'en rapproche et qu'elle amène une radicalisation et une dureté qui mènent au fait terroriste ou à l'éloignement de l'islam par lassitude.Ainsi, si Dieu (qsE) l'avait voulu, le Coran aurait été descendu sur Terre en une seule fois (il est justement descendu jusqu'au 1er Ciel en une seule fois). Mais la Révélation étapée était nécessaire à la formation des coeurs de Ses serviteurs. Et Dieu (qsE) connait mieux que quiconque le coeur de Ses créatures.
Et si Dieu (qsE) avait voulu en faire le support universel de tout savoir, le Coran aurait été bien plus vaste et "indigeste" pour les humains :Sourate 18, verset 109
"Dis : "Si la mer se changeait en encre pour transcrire les paroles de mon Seigneur, la mer se serait assurément tarie avant que ne soient épuisées les paroles divines, dussions-nous y ajouter une quantité d'encre égale à la première.""Le Message s'adapte donc à ceux à qui il a été envoyé, il contient tout ce qui est utile et vital en matière de comportement entre la créature et le Créateur pour se protéger de l'Enfer et atteindre le Paradis. Il est une guidée auto-suffisante pour ce qui est de la compréhension de notre place éphémère Ici-Bas et la préparation à l'autre vie éternelle dans l'Au-Delà. Par contre il ne contient que les grandes lignes amenant aux autres savoirs (tels la psychologie individuelle, la sociologie de groupe, la chimie, les mathématiques, la biologie, les conquêtes spatiales, la médecine, etc...) et pousse le lecteur à aller plus loin par sa réflexion, l'expérimentation et l'application des savoirs en acquis afin de les mettre au service de l'homme et de la prédication islamique.
8.2. Quelques exemples d'avis juridiques de l'école moderne
- Le port de la barbe est recommandé pour les hommes pubères, c'est une Sunna qui a trait à la saine nature tout comme le rasage des aisselles et du pubis, la circoncision, l'utilisation de la brosse à dents, etc... et ces Sunan ne sont pas tous obligatoires. C'est de plus une Sunna qui fait partie de la différenciation (comme les vêtements, la teinture des cheveux, etc...) avec les mécréants et cette différenciation est liée à la position des musulmans (dominante ou dominée) et devient donc obligatoire en pays musulman et déconseillée en pays non musulman ;
8.3. Quelques Savants de l'école moderne Parmi les Anciens :
- Abû Bakr Mohammad Ibn Zakariya ar-Razi (qdlfm), fondateur de la science empirique et rationnaliste qui inaugura la médecine et la pharmacie modernes ;
- Ibn Khaldûn (qdlfm), politicien tunisien habile, plusieurs fois ministre sous des sultanats différents (gardant tout de même dans ses écrits une grande indépendance), il est le fondateur de la science de la sociologie, de l'histoire et peut-être même de la politique, il sera aussi un Juge malikite émérite souvent mis à pied par le pouvoir à cause de sa libre exercice de son autorité ;
- Abû Hamid al-Ghazâlî (qdlfm) ;
- ash-Shâtibî (qdlfm) ;
Parmi les contemporains :
8.4. Synthèse Nous ne pouvons que constater le délaissement de cette méthodologie par la majorité des musulmans d'aujourd'hui. Et les Savants qui suivent cette école sont critiqués par ceux qui s'auto-proclament "purs Salafis" à tel point qu'ils les font tout simplement sortir de l'islam (ne pouvant plus réfuter leurs arguments, ils attaquent leurs personnes). Alors que le Savant porte-drapeau de cette méthodologie est un lion défenseur de la Sunna et qu'il répète à qui mieux mieux les mêmes paroles sages des 4 Savants Mudjtahid (Savants maîtres des 4 écoles de jurisprudence historiques) de référence :
Cheikh Mohammed al-Ghazâlî (qdlfm)
dit dans son livre "Ces Français qui ont choisi la Voie d'Allah"
p 49 :
"Je voudrai, en traitant ce grave sujet de la propagation de l'islam, confirmer que le Saint Coran est l'un des ventricules de nos coeurs ainsi que la pupille de nos yeux. Impossible de rester indifférent devant un seul de ses mots. Et chaque Hadîth du Prophète (qpssl) est une précieuse maxime qui nous gratifie d'honneur et sur laquelle nous devons veiller... Notre Religion est issue du Ciel et non pas de la Terre, nul devoir en dehors de ce que Dieu nous a ordonné, nulle interdiction en dehors de ce que Dieu a défendu. Nulle obligation et nulle prohibition n'est valable si elle ne figure pas clairement dans un texte [du Coran ou de la Sunna], l'ensemble des obligations comprend une multitude de croyances, de moralités, de dévotions et de directives à respecter, et l'ensemble des prohibitions compte aussi une multitude de désobéissances, de vilénies et de pêchés. Et nul n'est sensé ignorer ou manifester de la tolérance envers ce qui est incontestable en Religion."
Conclusion | ![]() ![]() |
Si les règles d'extractions des lois sont les particularités
les plus importantes et les plus significatives de ces différentes écoles
de jurisprudence, alors il faut arriver à se détacher des avis
devenus caducs provenant de ces mêmes écoles. Ces Savants nous
ont laissé leurs méthodologies dont il nous incombe de les mettre
en pratique et non pas de suivre aveuglément les avis auxquels elles
ont menés en leur temps.
En effet ces Savants musulmans sont d'accord sur un socle commun qui est le
Coran et la Sunna. L'islam signifie soumission à Dieu (qsE).
Soumission au Dieu Unique, Seul digne d'adoration par le suivi de Son Ultime
Religion rendue parfaite : l'islam. Ainsi l'islam peut être résumé
en 1 Dieu (qsE- et Sa Parole est le Coran) - 1 Prophète
(qpssl- et sa parole authentifiée est la Sunna authentique)
- 1 seule Communauté ["Umma"] (sa parole étant le consensus
de ses Savants). Si les différences entre ces écoles amènent
à la division de la Communauté, alors ces différences doivent
être combattues avec la plus grande fermeté par la parole et par
le coeur. Et la Vérité est du côté de ceux qui combattent
la division pour obtenir l'Unité.
Si le Coran fut complètement révélé à la mort du Prophète (qpssl) et scellé par écrit sous le califat de son 3ème successeur, la Sunna, quant à elle, fut compilée plus tardivement. Le premier recueil de ahadith (le Muwatta de Mâlik) date du 2ème siècle de l'Hégire et de nombreux autres (les 6 recueils canoniques ainsi que le Musnad d'Ahmad) sont venus par la suite, rassemblant petit à petit toutes les paroles du Prophète (qpssl) qui s'étaient éparpillées avec la diaspora de ses Compagnons dans l'Etat musulman. Ensuite est venue une longue étape de filtrage de ces paroles entre authentique ["Sahîh"] et faible ["Da‘îf"] avec le premier recueil authentique ["Sahîh Bukhârî"] qui apparut au 3ème siècle de l'Hégire. Nous voyons donc que les 4 premiers grands Imâms de la Jurisprudence ne disposaient pas d'une Sunna complète et authentique lors de la formulation de leurs Conseils juridiques ["Fatawas"]. Il convient donc de se pencher profondément sur leurs méthodologies plus que sur leurs avis car ces derniers doivent être, éventuellement, réactualisés avec des preuves nouvellement authentifiées et dont ils n'avaient pas connaissance de leur vivant. C'est là la saine méthode des Savants Salafis.
Si de nouvelles écoles (telle l'école moderne) voient le jour et que des Savants appèlent à l'assouplissement de certaines règles dans le but d'attirer les gens en masse dans l'accomplissement des 5 Piliers de l'islam dans un premier temps, alors cela était la manière de faire du Prophète (qpssl) qui prenait grand soucis à ne pas trop "charger" sa Communauté d'excès. L'intégration des avancées récentes d'un grand nombre de sciences comme l'astronomie, la médecine, la pharmacologie, la psychologie, la sociologie et d'autres encore, dans l'élaboration d'avis juridiques en complément au Coran et à la Sunna semblent être la suite logique de la recherche de la Vérité, qu'elle soit issue de la Révélation ou de l'étude de la création en elle-même, car les deux ont la même origine divine. On les appèle les 2 Livres : le Livre révélé et le Livre créé.
Et Dieu est plus savant ["Wa Allâhu A‘lam"].
Ô mon Dieu ! Tu nous a montré la Voie de la Rectitude avec
cette Science, guide-nous et assiste-nous en nous en facilitant son
suivi et son application ! Car Tu es "al-Hâdî" - Le Guide
en dehors de Qui il n'y a point de guide.
« Seigneur ! Gloire et louange à
Toi ! Je témoigne qu'il n'y a d'autre divinité que Toi ! Je Te demande pardon et je me repens auprès de Toi » |
« Subhânaka l-lâhumma
wa bi-hamdika. Ashaduan lâ ilâha illâ anta, astarghfiruka wa atûbu ilayka » |
Notes :
*
Les termes sont erronés dans la traduction du Coran utilisée et
retraduits (par les termes soulignés) ici plus fidèlement au texte
en Arabe ou plus correct grammaticalement.
1. qpssl - Que la paix et le
salut soient sur lui ["Sallallâh-û ‘Alayhi wa Salam"] ;
2. qpsseux - Que la paix et le salut soient sur eux ["Sallallâh-û ‘Alayhim wa Salam"] ;
3. qsE - Qu'Il soit Exalté
["Allâh aza wadjel"] ;
4. qdssl - Que Dieu soit satisfait de lui ["Radi Allâh ‘anhu"] ;
5. qdsse - Que Dieu soit satisfait d'elle ["Radi Allâh ‘anha"] ;
6. qdsseux2 - Que Dieu soit satisfait d'eux deux ["Radi Allâhu ‘anhumaa"] ;
7. qdsselles2 - Que Dieu soit satisfait d'elles deux ["Radi Allâhu ‘anhunaa"] ;
8. qdsseuxt
- Que Dieu soit satisfait d'eux tous ["Radi Allâhu ‘anhum"] ;
9. qdssellest
- Que Dieu soit satisfait d'elles toutes ["Radi Allâhu ‘anhun"] ;
10. qdlsc - Que
Dieu lui soit compatissant dans ce Bas-Monde ["Rahîma Ullâh"] ;
11. qdlfm - Que Dieu lui fasse miséricorde au Jour du Jugement ["Rahmât Ullâh ‘alayhi"]
;
12. qmdssl - Que
la malédiction de Dieu soit sur lui ;
13. slp- Sur lui la paix ["‘Alayhi salam"] ;
14. sep - Sur eux la paix ["‘Alayhim salam"].
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